Partager

Un reptile blindé arpentant la Guadeloupe : la tortue terrestre

Elles savent rester discrètes malgré leur improbable apparat : aujourd’hui nous vous parlons des tortues terrestres, plus précisément des deux espèces se trouvant en Guadeloupe. Par « tortues terrestres », nous entendons ici seulement parler de celles vivant strictement sur terre ferme.

Réparties sur différentes îles des Petites Antilles (Grenade, Martinique, Dominique, Montserrat, Antigua-et-Barbuda, Barbados…), elles se rencontrent en Basse-Terre et sur les Saintes en effectifs faibles. A ce jour, personne n’est encore certain des modalités d’implantation de ces membres de la famille des Testudinnidés sur le territoire Caribéen. Notre archipel est le seul des Petites Antilles à avoir la chance d’abriter deux espèces distinctes : la tortue charbonnière (Chelonoidis carbonaria) ou Molokoï et la tortue denticulée (Chelonoidis denticulata).

Faisant toutes deux parties du Genre « Chelonoidis », nos tortues terrestres se ressemblent en de nombreux points, si bien qu’on a longtemps cru qu’il ne s’agissait que d’une seule et même espèce. La charbonnière ne dépasse pas 51cm de longueur pour un poids de 20kg tandis que la denticulée atteint parfois 80cm et pèse jusqu’à 54kg. Nommée par référence à sa dossière (partie supérieure de la carapace) noire, la tortue charbonnière possède au centre des écailles de sa carapace des tâches jaunes de taille modeste. Pour ce qui est de sa dossière, la denticulée quant à elle en possède une tirant plus sur le marron que le noir, avec des tâches jaunes plus amples. Enfin, pour déterminer avec exactitude les deux espèces, on peut observer avec attention certaines écailles de leur plastron (partie inférieure de la carapace) qui ne sont pas disposées de la même manière. On note aussi comme particularité de nombreuses écailles jaunes ou rouges sur la partie supérieure de la tête et sur la face antérieure des pattes.

toti_charb.png
Tortue charbonnière
toti_dent.png
Tortue denticulée

Se nourrissant de plantes en tout genre, de fruits charnus, de petits invertébrés, d’excréments et même de cadavres de certains animaux, ces reptiles omnivores ne se privent vraiment de rien ! Familières des ravines ombragées légèrement humides, elles sont aussi à l’aise dans les forêts sèches et exceptionnellement les lieux plus ouverts. On observe une préférence pour les savanes chez la tortue charbonnière tandis que la tortue denticulée investit davantage les milieux plus refermés et humides. Peu d’informations sur les populations guadeloupéennes sont disponibles, de nombreux individus sont élevés en captivité, mais la partie sauvage des effectifs de ces espèces de tortues est inconnue.

De nombreuses zones d’ombre restent encore à éclaircir au sujet de l’arrivée de ces espèces dans l’archipel, si bien que les scientifiques théorisent encore actuellement sur cette question. En effet, même si certains d’entre eux penchent pour une introduction depuis l’Amérique du Sud par les tribus Caraïbes, d’autres pensent qu’au moins une des deux espèces est originaire d’une île des Antilles. Il existe certains indices (ethnologique, morphologique...) qui laissent effectivement à penser que les tortues charbonnières des îles ne sont pas des descendantes des tortues continentales. Quoi qu’il en soit, ces espèces sont à l’heure actuelle mal documentées comparativement à leurs équivalents Sud-Américains et il est possible que la population de tortues denticulées de Guadeloupe ne soit plus qu’en captivité à l’heure actuelle. Quant aux tortues charbonnières, c’est aux Saintes qu’elles sont visibles en plus grand nombre, pour le plus grand plaisir des Saintois !

les_saintes_vues_avion.jpg
Vue aérienne des Saintes

Article rédigé par :

Barthélémy DESSANGES
Chargé de mission «Vulgarisation scientifique»
Département Patrimoines et Appui aux Territoires - Service Patrimoines naturel, paysager et culturel

Relecture :

Xavier KIESER
Chargé de mission "Milieux forestiers"
Département Patrimoines et Appui aux Territoires - Service Patrimoines naturel, paysager et culturel

 

Date de publication : Janvier 2021