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L’Océan, origine de vie

Pas de vie sans les océans ? Les océans sont à l’origine de la vie, mais saviez vous qu’elle ne pourrait pas se maintenir sans eux ? Les mers et océans jouent une multitude de rôles dans le bon fonctionnement de la Terre et la survie de ses habitants, qui interviennent à différentes échelles. Comprendre ses rôles et son fonctionnement est une clé indispensable pour préserver ces immenses surfaces d’eau qui recouvrent plus de 70 % de la surface de la Terre.

L’océan fait vivre de très nombreuses personnes à travers le globe, 140 millions de personnes auraient un métier lié à la mer : dans les domaines de la pêche, aquaculture, commerce des produits de la mer, navigation, tourisme, exploitation des énergies marines, activités scientifiques tant de recherche que de gestion, loisirs nautiques, transport de marchandises etc... Les océans ne sont pas uniquement support d’activités, ils nourrissent également de très nombreuses personnes, et toutes et tous bénéficions des impacts climatiques positifs des océans. C’est tout un tissu de vie qui s’est construit par et à travers l’océan et qui ne saurait perdurer sans lui.

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crédits Joévin Marquès

L’ océan, poumon de la Terre

Les forêts sont souvent désignées comme poumon de la planète. Grâce à la photosynthèse, elles produisent en effet une partie de l’oxygène que nous respirons. Cependant les forêts ne sont pas seules à réaliser la photosynthèse, le phytoplancton, ces organismes microscopiques flottants dans l’océan, en ont également la capacité. Par phytoplancton on désigne tous les organismes microscopiques aquatiques qui réalisent la photosynthèse : microalgues, cyanobactéries. Ces organismes sont capables d’absorber le CO2 de l’atmosphère et de le transformer en matière organique et en dioxygène (O2) grâce à la lumière du soleil, au même titre que les végétaux terrestres. Au total, grâce à ces micro-organismes, les océans produiraient jusqu’à 50 % de l’oxygène que nous respirons.

L’océan, puits de carbone

Le carbone est un élément chimique en perpétuel mouvement sur Terre, on appelle ce mouvement dans les différents compartiments terrestres le cycle du carbone. Il existe en effet un échange constant de carbone entre l’hydrosphère (l’ensemble de l’eau sur terre), la lithosphère (la couche externe de la terre), la biosphère (l’ensemble des êtres vivants) et l'atmosphère. Ce carbone circule en se recombinant sous différentes formes chimiques, en suivant une boucle de recyclage infinie à travers ces différents réservoirs.

Les forêts représentent un puits de carbone important, mais l’océan aussi joue un rôle majeur dans le stockage et la séquestration du carbone mondial. L’océan est le réservoir le plus important de carbone sur Terre, il représenterait jusqu’à 38 000 gigatonnes (Gt) de carbone. Ce poids peut paraître abstrait mais c’est l’équivalent du poids de plus de 140 milliards d’A380 !

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Schéma simplifié du cycle mondial du carbone et de la répartition mondiale des réservoirs de carbone. Données en gigatonnes (Gt) de carbone. (D’après Mcleod et al., 2011 et GIEC, 2007)

L’océan capte et stocke le CO2 atmosphérique grâce à deux processus : l’un physique, l’autre biologique. Le premier phénomène fonctionne grâce à la dissolution naturelle des gaz présents dans l’atmosphère, dont le CO2, dans l’eau. Cette dissolution dépend de la température et de la salinité de l’eau, elle est par exemple favorisée dans les eaux froides. Ainsi, les zones froides des océans absorbent plus de CO2 que les zones chaudes.

Le deuxième processus s’appuie sur la photosynthèse réalisée par le phytoplancton. Le carbone, provenant du CO2 capté, est stocké dans les cellules de ces organismes, puis dans celles des organismes qui les consomment : mollusques, poissons, etc. Lorsqu’ils meurent, une partie de leurs restes se dépose sur le fond de l’océan. Le carbone s’y accumule et est ainsi séquestré dans les sédiments marins.

Les écosystèmes côtiers aussi ont la côte

L’océan a un rôle indéniable dans la séquestration du carbone, mais les écosystèmes liés à l’océan ont également une carte à jouer dans le cycle du carbone. Le carbone bleu, tel que défini par Nellmann et al., 2009 correspond au carbone stocké par des écosystèmes côtiers. Parmi les écosystèmes côtiers, on compte les marais salés, les mangroves et les herbiers marins. L’importance du carbone bleu peut s’expliquer par la capacité qu’ont les écosystèmes côtiers à stocker beaucoup de carbone malgré leur faible surface sur la planète. Les mangroves par exemple, font partie des écosystèmes les plus riches en carbone, contenant en moyenne 937 tonnes de carbone par hectare. Les mangroves ne représentent qu’environ 1% (13,5 gigatonnes par an) de la séquestration du carbone par les forêts du monde, mais en tant qu’habitats côtiers, elles représentent 14% de la séquestration du carbone bleu. En plus de ce rôle de puits de carbone, les mangroves stabilisent les littoraux en protégeant de l’érosion.

L’océan, thermostat de la planète

A travers ce rôle de puits de carbone, l’océan a donc un impact sur la régulation du climat. En plus de ce stockage de carbone, l’océan intervient d’une seconde manière sur le climat : à travers les courants marins. En absorbant l’énergie solaire, les océans stockent et redistribuent d’énormes quantités de chaleur autour du globe. Grâce à une grande capacité thermique, l’océan se réchauffe et se refroidit très lentement et peut stocker une énergie thermique impressionnante.

La circulation des courants est contrôlée par les vents de surface, par la rotation de la Terre et par certaines propriétés de l’océan telles que la température et la salinité. L’un des courants marins le plus connu est nommé le Gulf Stream, qui concerne l’Atlantique de l’hémisphère Nord. Des masses d’eaux chaudes transportent en surface la chaleur accumulée dans les tropiques, vers les pôles, en réduisant ainsi les écarts de température. Des courants froids circulant en profondeur font le trajet inverse. Cette circulation globale peut être comparée à un « tapis roulant » qui redistribue la chaleur à l’échelle de la planète, en échange permanent avec l’atmosphère.

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Schéma simplifié du cycle mondial du carbone et de la répartition mondiale des réservoirs de carbone. Données en gigatonnes (Gt) de carbone. (D’après Mcleod et al., 2011 et GIEC, 2007)

L’océan, réserve de biodiversité

L’océan est l’habitat de très nombreuses espèces marines qui utilisent ce milieu pour se nourrir, s’abriter et se reproduire. A ce jour, environ 240 000 espèces marines ont été décrites mais le nombre réel d’espèces présentes pourrait être bien plus important. Il est estimé que la Terre abriterait 8,7 millions d'espèces eucaryotes, dont environ 2,2 millions espèces marines. Malgré près de 250 ans de recherche et de classification et plus de 1,2 million d'espèces déjà cataloguées il resterait 86 % des espèces terrestres et 91 % des espèces marines qui attendent toujours d'être décrites. Ces chiffres ne prenant pas en compte tout le monde microscopique (bactéries, archées etc), le nombre d’espèces pourrait être encore bien plus important.

En Guadeloupe vivent près des cotes environ 380 espèces de poissons, 1330 espèces de mollusques, une soixantaine de gorgones, une centaine de spongiaires, 55 espèces de coraux, 90 espèces algues etc...

Les espèces marines sont donc impressionnantes de par leur nombre mais également de par leur diversité. Des organismes microscopiques comme le plancton aux grand mammifères marins, l’écart est spectaculaire !

Cette biodiversité peut bien sûr différer en fonction de la zone géographique, des conditions, de la profondeur etc... Comme souvent, le nombre d’espèces augmente tandis que les latitudes diminuent et que l’on se rapproche de l’équateur. La biodiversité marine de la Caraïbe est donc tout à fait remarquable. Nous vous invitons à la découvrir tout le long de la semaine, à l’occasion de la journée mondiale de l’océan le 8 juin. Chaque jour, découvrez une nouvelle espèce marine qui évolue dans les eaux guadeloupéennes et appréciez l’extraordinaire biodiversité marine de l’archipel.

Photos de gauche à doite : Poisson perroquet, crédits Didier Baltide PNG; Raie léopard, crédits Julia Bos PNG, Calmars de récifs, crédits Julia Bos PNG

 

 

Bibliographie :

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Chmura, G.L., Anisfeld, S.C., Cahoon, D.R. & Lynch, J.C. (2003). Global carbon sequestration in tidal, saline wetland soils. Global biogeochemical cycles, 17, Article 11.

GIEC, 2007 : Bilan 2007 des changements climatiques. Contribution des Groupes de travail I, II et III au quatrième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat [Équipe de rédaction principale, Pachauri, R.K. et Reisinger, A. (publié sous la direction de~)]. GIEC, Genève, Suisse, …, 103 pages

Howard, J., Hoyt, S., Isensee, K., Pidgeon, E., Telszewski, M. (2014). Coastal Blue Carbon: Methods for assessing carbon stocks and emissions factors in mangroves, tidal salt marshes, and seagrass meadows. Conservation International, Intergovernmental Oceanographic Commission of UNESCO, International Union for Conservation of Nature. Arlington, Virginia,USA.

Mcleod, E., Chmura, G.L., Bouillon, S., Salm, R., Björk, M., Duarte, C.M. et al. (2011). A blueprint for blue carbon: toward an improved understanding of the role of vegetated coastal habitats in sequestering CO2. Frontiers in Ecology and the Environment, 9, 552–560.

Mora, C., Tittensor, D. P., Adl, S., Simpson, A. G., & Worm, B. (2011). How many species are there on Earth and in the ocean?. PLoS biology, 9(8), e1001127.

Nellemann, C., Corcoran, E., Duarte, C. M., Valdés, L., De Yung, C., Fonseca, L., &Grimsditch, G. (2009). Blue carbon. A rapid response assessment (United Nations Environment Programme, GRID-Arendal). GRID-Arendal.

 

 

Article rédigé par :
Jeanne Briche
Chargé de mission «Valorisation scientifique»
Département Patrimoines et Appui aux Territoires - Service Patrimoines naturel, paysager et culturel.

Date de publication : Juin 2022