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Espèces exotiques envahissantes

Différentes espèces animales ont été introduites en Guadeloupe. Soit volontairement, c’est le cas du crapaud buffle pour lutter contre le ver de la canne ou de la mangouste pour lutter contre les rats, soit involontairement par les bateaux et le transport de marchandise (rats dans les cales des bateaux, reptiles et batraciens dans les containers de marchandises).

Si certaines de ces espèces semblent ne poser aucun problème, quelques unes représentent un véritable danger pour la faune locale. C’est le cas de la mangouste qui a certainement joué un rôle important dans la disparition de certains reptiles et qui continue d’exercer une pression importante sur la petite faune.

C’est le cas également de certaines grenouilles, importées avec des plantes en pots, et qui en plus de concurrencer les espèces locales (hylodes) peuvent leur transmettre une mycose mortelle. La fourmi manioc, introduite probablement avec des chargements de bois d’Amazonie constitue une véritable calamité pour la forêt et en particulier pour les fougères arborescentes dont elle détruit le feuillage.

Trois espèces de tortues d’eau douce fréquentent les étangs, les mares et les cours d’eau : la trachémyde de Porto Rico, la péluse de Schweigger et la trachémyde à tempes rouges, appelée souvent tortue de Floride, introduite récemment, elle concurrence les deux premières. En effet, vendue pendant longtemps en animalerie (accompagnée de son petit bassin centré d’un palmier en plastique clair), la trachémyde à tempes rouges, une fois délaissée par ses « propriétaires » (les tortues ont une espérance de vie d’une centaine d’années) et relâchée dans les cours d’eau, les mares et étangs, s’est propagée jusqu’à coloniser les habitats des tortues locales. Cette espèce rentre dans le cadre du renforcement de la lutte contre les espèces invasives prévue par le Grenelle de l’Environnement.

Le poisson lion

Le poisson lion (Pterois volitans/miles), aussi appelé rascasse volante, est une espèce marine originaire de la région indo-pacifique. Ce poisson aux épines très venimeuses est considérée comme une espèce invasive dans la région caribéenne. Il a été observé officiellement pour la première fois en octobre 2010 dans les eaux guadeloupéennes et sa population ne cesse d’y croître.
Il représente aujourd’hui une menace importante pour les écosystèmes marins côtiers de la Caraïbe et de la Guadeloupe.

Description générale:

Le poisson lion appartient à la famille des Scorpaenidae, les rascasses, regroupant de nombreux poissons venimeux. Il possède un corps très reconnaissable, avec des rayures alternées marrons/rouge sombre et blanche/jaunes, des nageoires pectorales « en éventail » rayées elles aussi, une nageoire caudale arrondie. Il présente une série de treize épines dorsales venimeuses, ainsi que des épines pelviennes et anales également venimeuses. Au stade juvénile, il mesure moins de 2,5cm et peut atteindre jusqu’à 49cm (longueur totale) adulte dans la Caraïbe.

On retrouve cette espèce dans divers types d’habitats (récifs, épaves, herbiers,...). Le poisson lion affectionne tout particulièrement les lieux présentant des anfractuosités, cavités et surplombs, où il évolue seul ou en groupe, sur un territoire restreint, préférant des zones calmes et sans courant important. Il a été observé de la surface jusqu’à 300m de profondeur. En Guadeloupe sa zone de prédilection est la zone de la côte sous le vent où localement il peut atteindre des densités records.

Le poisson lion est une espèce carnivore peu craintive, sans prédateur avéré pour le moment dans la zone Caraïbe et représente lui-même un prédateur redoutable pour la faune des écosystèmes marins côtiers. Il se nourrit de manière vorace et essentiellement la nuit sur des petits invertébrés et des poissons.

Une fois mature sexuellement (au cours de sa première année), la femelle peut pondre jusqu’à 30000 œufs tous les 4 jours toute l’année. Les larves en surface sont ensuite dispersées par les courants avant de rejoindre le fond au stade juvénile.

Historique et caractéristiques de l’invasion:

Suite à son introduction accidentelle et/ou intentionnelle depuis la Floride au début des années 90, le poisson lion est devenu une menace importante pour les récifs coralliens s’étendant des Bermudes au nord de l’Amérique du Sud, colonisant progressivement vers le sud ces espaces marins. Les populations peuvent atteindre des densités très élevées, conduisant à des changements importants au sein des écosystèmes locaux, à l’érosion de la biodiversité, ainsi qu’au déclin de certaines espèces à valeur économique ou jouant un rôle écologique important.

 

Son mode de reproduction, l’absence de prédateur, sa voracité ainsi que sa résistance en font une espèce hautement invasive.

Danger et précautions à adopter:

En dehors des zones d’interdiction de pêche des poissons liées à la chlordécone, la chair du poisson lion, non ciguatoxique en Guadeloupe, est absolument comestible et même recherchée mais il est doté d’épines venimeuses dangereuses pour l’homme et pouvant être la cause d’accidents plus ou moins graves. Pour plus d’information et un schéma, consultez la fiche médicale de la DEAL :
https://www.guadeloupe.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/fichemedicale.pdf

Leur appareil venimeux est uniquement défensif et ne joue aucun rôle dans la capture des proies ; les poissons lion n’attaquent donc pas les nageurs. Le venin reste actif, même après la mort ou la congélation de l’animal.

S’informer et aller plus loin

A l’échelle des Antilles françaises, une stratégie de lutte à été mise en place, coordonnée par les Directions de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL) de Guadeloupe et Martinique, avec l’appui du CAR-SPAW, de l’Observatoire du Milieu Marin Martiniquais et des comités des pêches :
https://www.poissonlion-antillesfrancaises.com

La DEAL Guadeloupe, et en particulier le service des ressources naturelles, est ainsi responsable de la mise en place de la stratégie de lutte contre le poisson lion au niveau des îles Guadeloupéennes :
https://www.guadeloupe.developpement-durable.gouv.fr/le-poisson-lion-s-informer-pour-a506.html

Le CAR-SPAW (Centre d’Activités Régional du Protocole SPAW qui a pour objet la protection et la gestion durable des milieux marins et côtiers dans les Caraïbes) est également à l’origine de plusieurs initiatives sur le poisson-lion, en coordination avec ses partenaires caribéens, comme le manuel poisson-lion à destination des gestionnaires : https://www.car-spaw-rac.org/?Manuel-poisson-lion,430 ainsi que la stratégie régionale poisson-lion à destination des décideurs : http://car-spaw-rac.fr/?Lancement-international-de-la,473

Par ses travaux de recherches et de sensibilisation sur la question de l’invasion du Poisson-Lion en Guadeloupe, l’équipe Dynamique des écosystèmes Caraïbes du Laboratoire de Biologie Marine (Université Antilles-Guyane) apporte également son expertise scientifique : http://calamar.univ-ag.fr/uag/dynecar/

Le Parc national de la Guadeloupe et ses équipes s’attachent à endiguer cette invasion du poisson lion par des actions de terrain (les éradications étant faites en priorité en cœurs de Parc) de communication et de sensibilisation. Depuis 2010, plus de 3000 individus ont ainsi été supprimés (chiffre janv. 2014).

D’autre part, la capture de certains animaux par les équipes du Parc à également permis d’appuyer le travail scientifique du Laboratoire de Biologie Marine (étude du régime alimentaire, contaminations éventuelles, …) et de la DEAL.

Hormis les équipes du Parc et les organismes publics concernés, les dérogations de pêche du poisson lion en bouteille à des organismes privés sont attribuées à titre exceptionnel et nominatif par arrêt préfectoral, et sont par conséquent strictement réglementées.