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Miconia calvescens découvert au sud du massif forestier

Scientifique
 
Cette espèce invasive a été découverte mi-mars par Xavier Kieser, agent du services Patrimoines du Parc national, on vous en dit plus pour participer à sa reconnaissance et son éradication.

Dans les forêts tropicales de son aire d’origine (Amérique centrale et Amérique du Sud), Miconia calvescens est une espèce post-pionnière ou de succession secondaire tardive. Elle fait donc partie des espèces tolérantes à l’obscurité, mais nécessitant de la lumière pour croître et se reproduire. On dit de ces espèces qu’elles sont « hémi-sciaphiles ». Ainsi, Miconia calvescens colonise aisément le lisières de forêts ainsi que les trouées crées naturellement lors des chablis et peut dès lors coloniser de grandes zones ouvertes.

Dans son écosystème d’origine, Miconia calvescens profite d’une perturbation naturelle ou humaine pour se développer et se reproduire mais dans les forêts insulaires où il a été introduit, il s’est reproduit abondamment en raison de la structure forestière plus simple.

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Par exemple, en Polynésie française et aux îles Hawaii, la canopée est plus basse qu’en Amérique, (5 à 20 m dans les îles océaniques du Pacifique contre 30 à 40 m en Amérique tropicale), et la forêt possède moins de strates (3 contre 4 à 5 en Amérique tropicale). Certains groupes fonctionnels sont rares ou absents (comme les lianes), ce qui augmente la lumière disponible en sous-bois, et favorise la croissance et la reproduction de l'espèce.

Ainsi l’invasion par Miconia calvescens dans ces territoires a été phénomènale, et fait redouter une menace de grande ampleur pour la Basse-Terre, si la station découverte en mars 2020 venait à s’étendre. Pour cette raison, le Conseil scientifique du Parc national a rédigé un avis documenté proposant les mesures à prendre d’urgence pour lutter contre cette plante à haut potentiel invasif et suppresseur de biodiversité.

A Tahiti, de 10m a 1400 m d’altitude, Miconia calvescens a peu à peu totalement remplacé les forêts primaires par des couverts denses monospécifiques, et on estime que près de 80 000 ha ont été envahis.

Quels risques pour la biodiversité en cas d'expansion ?

  • Remplacement de la mosaïque d’espèces locales par des sites monospécifiques de Miconia calvescens;
  • Perte des dynamiques évolutives des sites envahis. Les autres espèces n’ayant pas d’accès à la lumière, elles ne peuvent pas se développer ; les milieux restent au stade “post-pionnier” sans jamais atteindre le stade terminal, dit climacique ;
  • Perte des cortèges d’espèces de toutes sortes (reptiles, amphibiens, oiseaux, insectes; champignons, etc…) nécessitant les essences locales pour se développer ;
  • Pertes d’habitats pour la faune et la flore locale ;
  • Perte de l’identité paysagère pour les habitants ;
  • Modification du sol des sites infestés suite à appauvrissement de celui ci. Le maintien du sol n’étant pas effectué de façon optimale, s’en suivent une augmentation des risques de glissement de terrain ou d’éboulement et un moins bon maintien des berges des cours d’eau.

Tout le milieu est modifié, ce qui produit une modification profonde de tous les “services” rendus par la nature (services écosystémiques) qui protègent les populations lors des événements climatiques.

Comment reconnaître un Miconia calvescens ?

C'est un petit arbre de 4 à 12m mais qui peut atteindre 16m.

Il possède de très grandes feuilles opposées pouvant atteindre 80 cm de long sur 50 cm de large, ovales à rondes. Outre les trois nervures parallèles de la feuille, qui caractérisent le genre Miconia, l’espèce possède des feuilles à revers pourpre lie-de-vin très caractéristiques.

Ses fleurs sont petites et blanches regroupées en inflorescences (appelées panicules, de 20-30 cm de long). L’arbre effectue ainsi 2 à 3 floraisons par an, qui produisent chacune 2 à 3 millions de graines, d’où ses capacités de dispersion phénoménales en forêt tropicale humide (il lui faut une forte hygrométrie ambiante et une pluviométrie supérieure à 2000 mm/an.)

Que faire si je croise cette plante ?

Attention, si vous pensez avoir repéré un Miconia calvescens, restez le plus possible à distance vous risqueriez de disséminer des graines et de contribuer à la propagation de l’espèce. Vérifiez la présence de boue sous vos semelles et nettoyez-les au mieux avant de quitter la parcelle. Dès que possible lavez les à l’eau de mer pour éliminer tous risques de dissémination involontaire.

Renvoyez le formulaire ci dessous à la DEAL à l'adresse : eee971@developpement-durable.gouv.fr

Attention, cette espèce peut être confondue avec 4 espèces endémiques toutes communément appelées "Crécré montagne".

Plus d'informations disponibles ici

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Miconia globulifera © C. DELNATTE
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Miconia coriacea INPN