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Étude sur les Termites des îles de la Guadeloupe : Vin vwè Poul-bwa

Les termites, sont des insectes dits « sociaux » , s’organisant en colonies hiérarchisées et usant d’une intelligence collective. Ceux ci font partis de l’ordre des Isoptera, on les retrouve globalement du Sud du Canada, jusqu’au Sud de l’Australie et particulièrement dans les zones tropicales.

Malgré leur impact notable sur les habitations et les cultures, les Termites ont un rôle écologique important (dans le cas notamment de la régénération des sols) ,qui pourrait être comparé à celui des vers de terre dans les pays plus tempérés.

Les connaissances demeurent cependant limitées et de nombreuses espèces restent sans doute aujourd’hui à découvrir, dans le monde et en Guadeloupe.

Afin de mieux percevoir et intégrer les termites dans la biodiversité, deux naturalistes passionnés et spécialistes des pathologies des bois : Bruno Borthury et Benoît Aiguillon, avec l’appui de Christian Bordereau (Docteur ès sciences en biologie animale chargé de recherches au CNRS à l’Université de Bourgogne, spécialiste des termites tropicaux. Il a travaillé en particulier sur les phéromones impliquées dans la vie sociale et sexuelle des termites), ont décidé de dresser un inventaire aussi exhaustif que possible ainsi qu’une cartographie des différentes espèces de termites sur les îles de la Guadeloupe, entre 2007 et 2016. Les objectifs de ce gros travail d’inventaire sont :

  • Avancer dans la connaissance et la répartition des espèces
  • Montrer la biodiversité des îles
  • Dresser un inventaire des espèces présentes dans les immeubles bâtis pour les techniciens du diagnostic et les sociétés de traitement contre les espèces dites « nuisibles »
  • Établir une relation entre espèces et biotope en milieu insulaire.

Il est important de souligner, que ce projet, fruit d’un travail de passionnés, a été auto-financé par Bruno Borthury et Benoît Aiguillon.

Une organisation sociale hiérarchisée en castes.

Les Termites évoluent au sein de colonies pouvant être composées de plusieurs milliers voir millions d’individus. La société de ces insectes est hiérarchisée et organisée en castes. On retrouve le roi et la reine, les soldats et les ouvriers. Chacun de ces individus, dispose d’une morphologie adaptée et d’une fonction propre, suivant la caste à laquelle il appartient.

Comment inventorier les Termites ?

Bien que de nombreuses espèces de Termites soient très présentes en milieux urbains (genre Cryptotermes), Les différentes sessions de prélèvements se sont principalement concentrées sur divers types de milieux naturels observables en Guadeloupe, tels que la forêt sèche, humide ou mésophile, la Mangrove marécageuse ou encore la végétation sèche en bordure de littoral. Lors de cette étude, des échantillons de soldats (minimum 3 individus par prélèvements), et d’adultes reproducteurs, quand les circonstances le permettaient, ont ainsi été effectués au travers des différents sites et milieux cités précédemment. Chaque prélèvements sont indiqués géographiquement via GPS (Cf photo des prélèvements à Marie-Galante ci-dessous).

Une fois les Termites prélevés à la pince, on les conserve dans des tubes d’éthanol. L’ensemble des individus prélevés sont auscultés à la loupe binoculaire, afin d’identifier méticuleusement leurs caractères morphologiques.

Les résultats du projet.

Au total, l’ensemble des prélèvements ont tout de même permis de récolter 139 échantillons, représentant 13 espèces, dont un nouveau genre, et d’avancer dans la quête de connaissances concernant les espèces de termites et leur répartition en Guadeloupe. Peu d’éléments ont pu être rassemblés concernant la mangrove marécageuse (seulement quelques prélèvements au niveau de la maison de la Mangrove) ainsi que les milieux urbains (10 % des prélèvements au total).

La connaissance concernant la répartition des espèces par milieux naturels a été affinée. On sait par exemple que certaines espèces telles que R.marginalis, H.tenuis, N.corniger, ont une large répartition et se retrouvent du littoral sec, à la forêt humide, alors que des espèces telles que C. brevis, n’est présente qu’en milieu urbain (bâti, maisons...).

Il a également été constaté que la forêt xérophile (forêt sèche), abrite la diversité d’espèces la plus importante avec 9 espèces sur les 13 connues !

Les données recueillies et analysées ne sont pas forcément exhaustives, celles ci nécessitent à l’avenir, d’être complétées. De plus, ce projet ambitieux s’est en grande partie focalisé sur les espèces de Termites présentes en milieux naturels. Il reste un gros travail d’identification a effectuer pour les espèces en milieu urbain.

especes_principales.jpg
Espèces principales de termites présentes en Guadeloupe
n-ephratae_et_n-corniger_costalis.jpg
Nasutitermes ephratae
nid_nasutitermes_ephratae.jpg
N. ephratae et N. corniger (costalis)
cryptotermes_brevis-espece_de_batiment.jpg
Cryptotermes brevis, espèce essentiellement présente dans le bâtiment

« Nous espérons pouvoir y contribuer à l’avenir, nous espérons également que d’autres comme nous, se sentiront motivés pour s’y engager ». Bruno Borthury.

 

Date de publication : Juillet 2019