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Vous connaissez forcément cette créature, on la croise le plus souvent au bord des routes, disparaissant quelques secondes après avoir été aperçue. Cet animal est rentré dans la liste des animaux que l’on croise fréquemment en Guadeloupe, mais ne vous y trompez pas : elle n’a pas toujours été là. On trouve la petite mangouste indienne originellement non seulement en Inde, mais dans un territoire qui s’étend de l’Irak au Myanmar (ex-Birmanie). C'est une espèce exotique envahissante (EEE). C’est-à-dire une espèce introduite par l’homme sur un territoire hors de son aire de répartition naturelle et qui menace les écosystèmes, les habitats naturels ou les espèces locales. 
 

La petite mangouste indienne, ce charmant petit animal qui séduit petits et grands, est surtout une espèce exotique envahissante (EEE). C’est-à-dire une espèce introduite par l’homme sur un territoire hors de son aire de répartition naturelle et qui menace les écosystèmes, les habitats naturels ou les espèces locales.

Depuis quelques années, les mangoustes se sont fortement développées sur les aires de pique-nique du Parc national de la Guadeloupe en raison de la nourriture facilement accessible et des visiteurs qui les nourrissent parfois.

Le PNG, pour la protection des espèces d’oiseaux et de reptiles prédatés par la mangouste, ainsi que pour respecter le cadre réglementaire sur les EEE, se doit de réguler sa population, à défaut de ne pouvoir l’éradiquer. De plus, la mangouste indienne peut transmettre des maladies comme la rage ou la leptospirose. Sa régulation représenterait donc une véritable avancée pour la préservation de notre biodiversité et pour une amélioration des conditions sanitaires.

Protocole de régulation

Le Parc va donc mettre en place un protocole de régulation de la mangouste indienne en lien avec la DEAL, le Conseil scientifique du PNG et les autres services de l’État étant déjà intervenus sur cette espèce (ONF, OFB), mais également de suivi afin de constater d’éventuelles améliorations dans le milieu.

Pour cela, le Parc national de la Guadeloupe va mettre en place un process de photodétection sur les aires de pique-nique et d’analyse des photos par l’IA. Il procédera ensuite à la capture et à la régulation de cette espèce par piégeage mécanique. 

Animal opportuniste 

Lorsqu'on a l’occasion de regarder attentivement un individu, on remarque d’abord son pelage gris jaunâtre, tirant parfois sur le brun clair. Avec un peu d’attention, on observe des pattes courtes munies chacune de cinq doigts griffus. Son crâne allongé porte de petits yeux bruns et se termine par un museau pointu tandis que ses oreilles sont courtes. Sa queue est plutôt robuste et se rétrécit jusqu’à sa pointe. La mangouste mesure entre 25 et 37 cm de long sans la queue et cette dernière peut participer à presque la moitié de sa longueur totale.

Il figure au menu de cet animal opportuniste de nombreuses proies (reptiles, amphibiens, insectes, arachnides, escargots, petits mammifères, oiseaux) mais aussi quelques plantes.

Ce mammifère est, au même titre que tous les autres mammifères non-volants de Guadeloupe, une espèce importée par l’être humain. Dans le cas de cette mangouste, appelée « Urva auropunctata », elle a été volontairement introduite en 1887 pour lutter contre un invasif ravageur des plantations : le rat noir (Rattus rattus). L’histoire nous dira que cette idée ne fut pas la bonne, et apportera son lot de nouveaux problèmes pour les îles de Saint-Martin, de la Martinique, de la Guadeloupe et sa dépendance Marie-Galante dans les Petites Antilles.

De nombreuses dégradations de la faune locale lui sont attribuées depuis son arrivée sur les îles : l’extinction du reptile Ameiva cinera, la quasi-disparition de deux couleuvres (Liophis juliae et Alsophis antillensis) et la raréfaction de nombreuses espèces d’oiseaux nichant au sol. Ici ne sont dépeints que les effets négatifs sur des espèces étudiées, mais il est évident que les dégâts se répartissent sur un bien plus grand nombre d’espèces.

 

Considérée comme une des espèces animales les plus envahissantes du globe, (voir l'article "espèces exotiques envahissantes") elle a colonisé plus de 60 îles à l’heure actuelle et des mentions récentes font état de populations continentales comme dans l’Est de l’Europe. Mais la mangouste semble loin de s'arrêter là... Une étude du début de l’année 2020 a mis en relation l'accroissement des zones où la mangouste peut se développer et la hausse des températures dûe au réchauffement climatique. Le résultat est sans appel : l’invasion de la petite mangouste ne va faire qu'augmenter avec le temps.

Les scientifiques lancent un signal d’alarme aux gouvernements pour lutter au plus vite contre cette espèce dont l'impact est trop souvent sous-estimé.

En raison de son implantation durable dans l’environnement guadeloupéen, des actions sont menées pour préserver la biodiversité dans les zones les plus sensibles. Ainsi, de 2001 à 2002 sur l'îlet Fajou, a eu lieu une série de piégeages effectuée par le Parc national de la Guadeloupe sur conseil scientifique de l’INRA (Institut National de la Recherche Agricole) : elle s’est révélée particulièrement efficace puisque la première année a vu l’intégralité de la population de mangoustes disparaître de l’îlet !

Cela a permis de stopper la destruction des nids de tortues imbriquées, réamorçant une hausse du succès de reproduction, très lié à cet îlet pour cette espèce.

L’effort se poursuit en 2018-2019 à Port Louis sur deux sites privilégiés de pontes de tortues, mené par l’ONF avec le support de la DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement). Avec un taux de succès encore une fois élevé, ces opérations ont prouvé que la lutte était possible sur des sites de surface restreinte. Reste à savoir si l’avenir nous permettra d’atteindre l’ensemble de la population guadeloupéenne.


Source URL: https://www.guadeloupe-parcnational.fr/actualites/mangouste-invasive-un-defi-de-taille-relever